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Vers une écologie des relations

Vers une écologie des relations

Le 03/02/2020

Parce qu’elle est à la base de tout projet collectif durable et que notre équilibre personnel en dépend, la « communication non violente » (CNV) connaît un engouement significatif ces dernières années.

 

Parce qu’elle est à la base de tout projet collectif durable et que notre équilibre personnel en dépend, la « communication non violente » (CNV) connaît un engouement significatif ces dernières années.

 

Par Pauline André-Dominguez

  

Illustration CB109 Faujour 1

 

Vivre mieux. Autrement. Pris dans l’urgence climatique, nous sommes au cœur d’une transition majeure. À la fois collective et individuelle. Nous sommes dans cet entre-deux. Au crépuscule de l’ancien monde, des citoyens défrichent nos lendemains. Mais dans cette quête de sens, l’humain se heurte à ses propres limites. Notre façon de communiquer peut-être un moteur autant qu’un frein. Et les mots, des fenêtres ou bien des murs1.

 

Parler ou communiquer ?

 

À la fin des années 90 en France, une « méthode » pour certains, un « art de vivre » pour d’autres, se développe. « La communication non violente » séduit aussi bien ceux qui font face à des conflits intérieurs au quotidien que les milieux associatifs, professionnels ou encore les réseaux de citoyens engagés dans la transition écologique. C’est aux États-Unis, dans les années 70 qu’émerge cette idée que de l’équilibre intérieur dépend l’harmonie extérieure. Théorisée et appliquée par le psychologue Marshall Rosenberg, la CNV est une démarche individuelle à impact collectif. Exprimer ses émotions et ses besoins, réfléchir avant d’agir, accepter l’autre tel qu’il est et l’écouter pour mieux coexister en société. Le problème, selon lui, est que « nous avons appris à parler mais pas à communiquer ».

 

« Nous avons appris à parler mais pas à communiquer. »

 

Ces dernières années, des ateliers de CNV se multiplient. « Nous coordonnons près de 400 groupes de pratique en France qui se réunissent une fois par semaine », explique Jean-François Garnier, membre et administrateur de l’association pour la CNV (ANCV). « Nous sommes sollicités par les entreprises qui font face à l’augmentation du stress au travail et organisons des formations dans les hôpitaux ». L’association intervient aussi dans les prisons et auprès d’acteurs de l’éducation via une branche spécialisée : Déclic’ CNV.

 

Illustration CB109 Faujour 2

  

Intelligence émotionnelle

 

Si les bénéfices de l’« outil » CNV sont reconnus par tous : travail sur soi ; régulation/résolution des conflits ; mise en place d’actions collectives réfléchies et efficaces, au-delà de l’impulsion émotionnelle ; cohésion de groupe, etc., certains pointent aussi ses limites. Mathias Lahiani a fondé la structure On passe à l’acte : un média, une société de production et une coopérative au service de projets à « impact sociétal positif ». Selon lui, la CNV peut être intéressante « à condition d’être au clair avec ses intentions et son ego. Cela doit rester un outil (parmi d’autres) et non devenir une posture, une idéologie ». Il est « à double tranchant selon la maturité des gens et repose avant tout sur la capacité à se remettre en question ».

 

« [La CNV est un outil] à double tranchant selon la maturité des gens et repose avant tout sur la capacité à se remettre en question. »

  

Derrière la démarche, il y a surtout des valeurs fondamentales. Tolérance, empathie, respect, c’est cela qui doit primer rappelle Pascal Depienne, formateur et consultant… en permaculture. Au-delà de l’image du jardin potager qui vient à nous, la permaculture est porteuse de projets collectifs dans lesquels la CNV à sa place. De même au sein d’Alternatiba, ce réseau d’acteurs également engagé dans la transition écologique et sociale, on considère que pour bien militer, il faut savoir communiquer. Durant le dernier camp climat (campclimat.eu/) l’été dernier, les activistes ont été formés à la CNV. « À Marseille, nous avons créé un groupe de travail autour du bien-être militant, explique Bruno Samuel membre de l’antenne locale. Dans cette lutte liée à l’urgence climatique, certains peuvent dérailler. La CNV aide à prévenir les risques liés au militantisme : burn-out, éco-anxiété, conflits dans le mouvement… ».

 

Illustration CB109 Faujour 3

 

Parce que dans cette transition de société, nous vivons une forme de deuil d’un monde qui prend fin, l’expression des émotions et de besoins individuels souvent communs semble essentielle pour redevenir des communautés solidaires et résilientes.

 

Quelques principes

 

  1. Observer la situation, ses émotions et celles des autres sans juger. Être empathique avec soi et l'autre, et réfléchir avant d'agir.
  2. Exprimer ses émotions et ses besoins selon la situation, pour un échange constructif ou pour dénouer un conflit.
  3. Accepter et écouter l'autre dans le respect de ce qu'il est et selon un désaccord/conflit potentiel.

 

À lire, À voir - Pour aller plus loin

1Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs). Initiation à la communication non violente, Marshall B. Rosenberg, Éd. La Découverte, 2016

Cessez d’être gentil, soyez vrai ! Thomas d’Ansembourg, Les éditions de l’Homme, 2014

Réaliser des ateliers, se former : L’ACNV, les réseaux Alternatiba, Colibris, Désobéissants, Le Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN), l’Université du Nous

 

En savoir plus sur la communication non violente, sujet de la rubrique Bien Vivre du n° 109 de CULTURESBIO, le magazine de Biocoop, distribué gratuitement dans les magasins du réseau, dans la limite des stocks disponibles, ou à télécharger ici.

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